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Le quotidien d'un Guildien
Je me réveille encore fourbu de la
soirée un peu trop copieuse et arrosée d'hier à l'auberge du Cochon Farci.
On y fêtait... Qu'y fêtait-on déjà ?... Peu importe... Je me réveille dans
une des chambres du dortoir de notre guilde - celle du Métal.
Tiens, il fait gris... Encore une journée maussade en perspective... Pour
changer...
On m'informe que Dame Patience nous attend Rougeoyant et moi à l'arène du
Soleil Sanglant. Tiens, mais c'est une des trois personnes ayant autorité
de décision pour la Guilde du Métal si je ne m'abuse... Je me demande bien
ce qu'une personne si importante peut bien nous vouloir...
M'en vais réveiller cette feignasse de firion et nous voilà à écumer les
froides ruelles du quartier des guildes d'Arken. J'ai préféré me dégourdir
les jambes plutôt que de monter Avoine, mon brave destrier a bien mérité
un peu de repos après notre périple dans la montagne la semaine passée ;
Flocon quant à lui s'est semble-t-il déniché une superbe chienne-louve,
comme lui, dans le chenil de la guilde, inutile donc d'aller le déranger -
ne dit-on pas tel chien tel maître...
Rien de bien méchant cette nuit apparemment, même si l'approche du
conclave semble - bizarrement - s'accompagner d'une recrudescence de
meurtres non élucidés (non pas que la milice ne fasse rien, encore que,
mais plutôt parce qu'elle est trop occupée à recompter ses
pots-de-vin...). Nous voilà déjà dans le quartier marchand, nous dirigeant
vers sa porte nord pour pénétrer dans la ville haute. Je sens soudainement
une présence : un homme nous épie et même nous file ; un petit signe du
coin de l'oeil en direction de mon compagnon et nous nous arrêtons chez un
maréchal-ferrant dans le but de voir comment l'espion se débrouille ; il
ne mord pas, tant pis on va faire autrement...
Un peu plus loin, je m'arrête dans une boutique vendant du matériel de
voyage alors que Rougeoyant continue son chemin, filé par l'espion que je
m'enpresse de suivre à mon tour. L'amateur se rend compte bien trop tard
que nous l'entraînons dans une ruelle sombre - là où personne ne pourra
l'entendre hurler - et lorsqu'il fait volte-face, il se trouve bloqué à
quelques mètres devant moi. L'individu se montre menaçant et m'oblige dans
un premier temps à dégainer mes épées puis dans un second à lui faire
tester le mordant de leur lame. Le voilà pris entre moi et mon compagnon
particulièrement intimidant - il faut préciser qu'il n'avait pas eu son
maïs sauté façon firionne ce matin... mais si vous savez quand ils
prennent une poignée de maïs en main... - bref, il se rend ;
malheureusement, nous avons à peine le temps de l'interroger qu'il se
suicide (probablement à l'aide d'une dose de poison qu'il avait
dissimulée). Tant pis, ça arrive souvent ces derniers temps... nous
laissons là l'individu non sans l'avoir auparavant délesté de sa maigre
bourse.
Enfin ! Le quartier des jeux. Je prends note des derniers tuyaux sur les
combats de l'arène du Soleil Sanglant et trouve un intermédiaire pour
parier 5po sur Sanglant, le champion incontesté des arènes Arkeniennes ;
il ne devrait faire qu'une bouchée de son adversaire même si cette fois-ci
on lui oppose Brutal, vainqueur de ses combats par décès adverses
multiples. Ah ! Voilà un gars en livrée de la guilde du Métal qui
s'approche vers nous. Bien, nous suivons ses indications et rencontrons
enfin Dame Patience qui nous demande d'aller récupérer un courrier dans
une auberge avant de l'amener à un contact au relais d'Arken ; nous lui
faisons part de "l'incident" avant de nous retirer.
Nous nous rendons donc sur l'instant à l'auberge du Loup Hurlant, qui est
un petit bouge situé dans le centre des bas-quartiers d'après mes
connaissances. Comme à l'accoutumée dans ce genre d'établissements, nous
sommes plutôt mal accueillis et un silence pesant s'installe jusqu'à ce
qu'une grosse brute vienne faire le malin ; il a probablement dû déjà
réussir à effrayer des gens - la laideur de ses traits y étant sûrement
pour beaucoup - mais après que je lui ai fait remarqué qu'il avait un
morceau de salade entre les dents, ce dernier est reparti s'asseoir.
L'ambiance est malodorante et la bière infâme, et toujours pas de
sang-mêlé en vue comme prévu... Enfin un homme se pointe à notre table et
nous fait passer le courrier en prétextant que c'était la lettre de
créance de mes gains pour la victoire de Sanglant sur Brutal (alors que
j'avais empoché ceux-ci un peu plus tôt dans la journée). Rougeoyant me
confirme par gestes et messes basses qu'une aura d'illusion entoure
l'homme devant nous ; ça ne doit pas être facile tous les jours d'avoir
les oreilles pointues...
Nous dormons à la guilde le soir même avant de partir très tôt le
lendemain par la porte sud-est du quartier. Avoine est contente de pouvoir
se dégourdir un peu et je lui permets même quelques menus galops histoire
de se défouler. Nous avons préféré passer à l'est du Bois Royal plutôt que
d'emprunter la grand-route ; ça nous force à dormir à la belle étoile,
mais au moins il est peu probable que cet itinéraire là soit surveillé...
La transmission du courrier s'effectue sans problèmes : la caravane est à
l'heure et Oeil d'Aigle bien présent. Nous ne nous faisons pas prier et
rentrons directement à Arken par la grand-route.
Nul doute que cette missive devait être d'une importance capitale pour que
Dame Patience intervienne, encore que nous n'étions peut-être qu'un
leurre, qui sait ; après tout, nous sommes de simples hommes au service de
guildes puissantes luttant pour toujours plus de pouvoir...
_________________
Mieux vaut lui que moi...
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